Jeanne m'attendait au Salon de Soultz 2022 : c'est un vieux monsieur qui la présentait sur sa table, me disant qu'elle venait du fond de stock de son ancien magasin. Il me confia qu'une amie couturière lui habillait les poupées avant leur vente, dont celle-ci. Elle me plut, cette Jeanne de 45 cm, avec sa tête en pain de sucre, ses yeux fendus qui lui donnaient un air malicieux, ses mains gracieuses et son bracelet moulé sur le bras... Sans plus tergiverser, hop, je l'adoptai. Ses membres brinquebalaient bien un peu (les élastiques étaient manifestement à changer), mais une fois le cœur touché, plus rien n'arrête le collectionneur !

 

 

Jeanne trôna assise telle qu'elle plusieurs mois sur mon bureau, d'autres projets m'empêchant de m'occuper d'elle : mais elle semblait se plaire là, posant son regard amusé sur l'agitation ambiante. Plus le temps passait, plus je le trouvais charmante.

 

 

 

Enfin, cet automne, je pris le temps de remettre ma Jeanne en beauté.
Première surprise en enlevant son ancienne tenue : elle porte l'étiquette "Ruth Treiffeisen", la créatrice de poupées, en particulier des merveilleuses petites Amigas distribuées par l'entreprise espagnole Paola Reina. L'amie de mon vendeur était-elle Ruth Treiffeisen elle-même, ou les souvenirs de ce monsieur étaient-ils confus ? Impossible de le savoir à présent, dommage !

 

 

Une fois déshabillée, Jeanne n'a pas vraiment bonne allure, il faut bien le reconnaître : comme prévu, tous ses élastiques sont à changer mais surtout elle a été recollée assez grossièrement (des traces de scotch restent même gravés sur son ventre). Quant à ses jambes, elles ont souffert d'un réparateur-pirate qui lui a inséré des boutons sur les cuisses pour tenir les élastiques... C'est une mauvaise surprise, mais voilà, les trous sont là, il va falloir s'en accommoder.

 


-Euh, me dis-je avec confusion, ne donnes-tu pas comme conseil à chacun de demander à voir la poupée nue avant tout achat ?
Si, bien sûr... Mais emportée par ma passion, je ne l'ai pas fait ! Tant pis pour moi, c'est trop tard... ( Je vous rassure, je l'aurais achetée quand même, seulement j'aurais eu des arguments pour en discuter le prix !)

 


Je commence donc par couper et enlever tous les élastiques, je nettoie soigneusement tous les morceaux de la poupée, puis je la remonte : c'est toujours une opération délicate (le celluloïd risque de se casser sans prévenir) mais aussi très émouvante quand enfin on a entre les mains une poupée solide qui tient fermement debout et bouge membres et tête sans souci !
La tête de cette poupée est d'un montage particulier, dit "à la japonaise", avec le cou qui rentre à la base de la tête. Malgré ce détail, le changement des élastiques ne pose pas de problème particulier.
J'ai remplacé les anciens boutons rouillés par de jolis boutons dorés, qui font comme un bijou sur la jambe de la poupée, c'est très joli et Jeanne semble ravie !

 

 

Il reste à réaliser une petite opération de peinture pour remettre à neuf chaussettes, chaussures et bracelet. Après un léger maquillage du visage pour lui redonner profondeur et vivacité, voilà Jeanne toute pimpante, prête à revêtir une nouvelle tenue !

 

 

 

 

(A suivre...)

 

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